Diplômé du Centre de formation des journalistes, à Paris, j’ai commencé ma carrière par un bref passage au service politique du Monde, avant de rejoindre la rédaction d’un journal francophone cambodgien, Cambodge soir. Durant cinq années, j’ai suivi la vie politique locale, la mise en place du procès khmer rouge, et plus généralement le développement accéléré d’un pays encore hanté par les fantasmes du génocide et l’occupation vietnamienne. Je suis rentré en France en 2007 pour intégrer la rédaction du Monde.fr.
Le projet du "Corps incarcéré" est né d’une volonté politique - de témoigner de l’état des prisons françaises et de leur relative inadaptation à toute mission de réinsertion. Traiter le thème de l’emprisonnement à travers l’angle du corps présentait deux intérêts. Sur le fond, il s’agissait de montrer en quoi les chàçtiments corporels en vigueur avant la révolution française - et auxquels l’institution pénitentiaire était censée avoir mis un terme - perduraient dans le système carcéral. D’un point de vue journalistique, interroger la mémoire du corps des détenus permettait d’accéder à un témoignage intime, incarné, à une parole nue débarrassée des commentaires et de toute tentation militante.
Au fil des récits de quatre anciens détenus - Hélène, Hafed, Djamel et Hugo - le mensonge des prisons françaises éclate dans toute sa brutalité : loin d’aider l’individu à se reconstruire, la prison brise, morcelle, blesse les corps et les àçmes, hypothéquant gravement la mission qui lui est assignée : préparer le retour de ses occupants à la société.
Au terme de ce travail d’enquête et de rencontres de trois mois, je suis sorti fort d’une conviction. La prison est le miroir de notre société. La loi d’airain de Badinter - en vertu de laquelle les conditions de vie en prison ne peuvent s’élever au-dessus de celles des "honnêtes gens" les plus déshérités - est à double tranchant. Du point de vue du citoyen "libre", la prison incarne un enfer terrestre, un "pire absolu", un repoussoir au regard duquel chaque homme est invité à se satisfaire de sa condition. Si la vie en prison n’a pas vocation à devenir plus supportable que celle des hommes libres les plus démunis, ces derniers ne verront pas davantage leur condition s’améliorer substantiellement tant que de telles souffrances seront tolérées de l’autre côté du miroir carcéral.
"Le corps incarcér" a été suivi de deux autres webdcumentaires produits par Le Monde.fr et prenant le corps comme point de départ de la prise de parole : "Le corps handicapé", sur la rééducation des accidentés, et "Le corps retrouvé", sur les pratiques d’éducation somatique.
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