Position du problème
La prévalence des troubles psychiatriques est élevée dans les prisons françaises. Pourtant, l’efficience des dispositifs de soins en place (unités sanitaires en milieu pénitentiaire [USMP], services médico-psychologiques régionaux [SMPR] et unités d’hospitalisation spécialement aménagées [UHSA]) est peu étudiée. L’objectif principal de cette étude est de décrire, dans les vingt prisons du Nord de la France (Hauts-de-France, Eure, Seine-Maritime), le recours aux hospitalisations psychiatriques à temps complet ainsi que l’offre de soins psychiatriques dans les unités sanitaires de ces établissements.
Méthodes
Nous avons réalisé une étude descriptive à partir de bases médico-administratives et de résultats d’enquête. Pour chaque établissement pénitentiaire, pour l’année 2016, les données suivantes ont été collectées : 1) effectifs et taux d’occupation des postes pour les professionnels de la santé mentale et 2) taux d’hospitalisation en psychiatrie (à l’UHSA de Lille-Seclin ou dans les hôpitaux de secteur psychiatrique).
Résultats
L’offre de soins est incomplète et inégale selon les prisons : 40 % des postes de psychiatres ne sont pas pourvus dans les unités sanitaires étudiées. L’accès à l’UHSA varie considérablement selon l’établissement d’origine : plus celui-ci est éloigné de l’UHSA, moins les personnes incarcérées y sont hospitalisées. Aucune corrélation n’a été retrouvée entre la distance prison–UHSA et le taux d’hospitalisation toute orientation confondue (UHSA et hôpitaux de secteur psychiatrique).
Conclusion
Malgré les avancées permises par la création des UHSA, l’accès aux soins psychiatriques reste problématique depuis la prison ; ceci s’explique par l’éloignement géographique de certains établissements, le nombre de places limité en UHSA et les effectifs médicaux insuffisants dans les USMP.