À Condé-sur-Sarthe « les détenus ne pensent qu’à une chose : fuir »

INTERVIEW - Dans cette prison de haute sécurité, les incidents se multiplient depuis l'ouverture en mai 2013. Pour Samuel Gauthier, secrétaire régional adjoint de la CGT Pénitentiaire Grand-Ouest, regrouper les détenus « les plus dangereux de France au même endroit » était une mauvaise idée. Les incidents se succèdent à la prison de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon (Orne). Réguliers depuis son ouverture, fin mai 2013, ils sont presque quotidiens depuis le début de la semaine. Lundi, un surveillant a été pris en otage pendant 4 heures par deux détenus. Mardi et mercredi, les détenus ont refusé de regagner leurs cellules à 19 heures. Mercredi toujours, un détenu a poursuivi un surveillant avec une barre de fer. Jeudi, un autre surveillant a été poignardé avec une arme artisanale. LE FIGARO - Quel est le profil des détenus de la prison de Condé-sur-Sarthe ? Samuel GAUTHIER - L'administration a souhaité y regrouper les détenus les plus dangereux de France. Ils effectuent de longues peines et, pour la plupart, ont un lourd passé pénitentiaire. La plupart sont transférés à pour une durée de 6 mois à 1 ans à Condé-sur-Sarthe du fait de leur attitude et de leur comportement. Une part d'entre eux a connu la prison très jeune, parfois pour des petites condamnations. Mais ils ont cumulé les peines en milieu carcéral, 5 ans par ci, 5 ans par là . Ils ont multiplié les agressions sur les surveillants. Du coup, certains ont jusqu'à 25 voire 30 ans à faire. Cette prison est faite pour les recadrer. Il y a en ce moment 55 détenus. Comment a été conçu l'établissement ? Cette prison a été pensée dans un but tout sécuritaire, avec beaucoup moins d'humain que dans les autres. Elle a été conçue pour que les contacts avec les surveillants soient réduits au minimum. Il y a beaucoup de béton, un minimum de fenêtres et de lumière extérieure afin d'éviter toute évasion. Comment expliquer la succession d'évènements depuis l'ouverture ? Tout d'abord par le recrutement. Sur les 220 surveillants de l'établissement, un peu plus de 90 sont de jeunes professionnels sans expérience, tout juste sortis de l'école. Ensuite, la direction n'a peut-être pas pris les bonnes décisions. Si elle a commencé à serrer la vis, elle a depuis làçché la bride pour éviter qu'il y ait trop de problèmes à l'intérieur. Il ne faut pas qu'il y ait le feu dans cet établissement tout neuf. Les détenus se sont alors rendus compte qu'ils pouvaient mettre la pression sur l'administration et influencer la gestion de leur détention. C'est visible avec ce refus de réintégrer les cellules. Les détenus ont connu d'autres maisons centrales, o๠ils pouvaient se déplacer plus librement, avec une certaine autonomie. Comme c'est une prison sécuritaire, le choix a été fait de laisser les cellules fermées, d'o๠ce mouvement d'humeur. Comme l'établissement est conçu pour les recadrer, il y a donc une certaine animosité de leur part, dès qu'ils arrivent. Ensuite, ils ne sont pas originaires d'Alençon et sont donc loin de leur famille, ce qui n'arrange pas les choses. Résultat, ils ne pensent qu'à une seule chose : fuir cet établissement. Tous les moyens sont bons. Par exemple, les deux preneurs d'otage de lundi : l'un d'entre eux a été placé, suite à son action, à la prison de Rennes, à l'isolement. Mécontent d'être là , il a menacé de faire une nouvelle prise d'otage pour qu'on le change à nouveau de prison ! Bref, ils ont quitté Condé, ils ont réussi à le faire, ils peuvent de nouveau réussir en reproduisant leur geste. C'est une dangereuse spirale. Comment faire changer la situation ? Nous pensons qu'il faut qu'il y ait une perspective de sortie ou de réinsertion pour les détenus, même si ces derniers effectuent des longues peines. Ou qu'ils puissent travailler, pour les faire penser à autre chose. Il faut également y mettre les moyens, financiers et humains, une cinquantaine de personnes en plus, si l'on veut garder ensemble ce type de détenus. Mais le mieux serait d'éviter de mettre tous les détenus les plus difficiles de France au même endroit.







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Nombre d'infractions sanctionnées en 2018
874 227
Taux d'enfermement ferme en 2010
18,4 %
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Personnes sous écrous (01/01/21)
75 021
Surpopulation (01/01/21)
9 235
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Rémunération horaire minimum (2018)
2,.03 € ou 4,57 €
Taux de détenus travaillant en prison (2018)
28,8 %
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Personels (01/01/21)
30 000 surveillants / 5 600 CPIPpan>
Budget 2021 (en millions d'euros)
3 300
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Nombre de morts par suicide en 2017
116
Taux de détenus ayant des troubles psychiatriques (2010)
80 %
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Proportion des détenus de niveau CAP ou moins (2019)
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