Festival Vis-à -vis : « Le théàçtre plutôt que la muscu »

Cette première manifestation dédiée aux créations en prison a lieu à La Villette, ces vendredi et samedi. Le Théàçtre Paris-Villette associe pour la première fois différents projets de création carcérale présentés hors les murs sur ses planches. L'une affiche déjà complet et, symboliquement, l'entrée est libre sur réservation. Parmi les établissements pénitentiaires d'Ile-de-France conviés, on trouve Fleury, Poissy, Réau. Cette première édition de Vis-à -vis, après un bref essai inaugural l'an passé, est le fruit d'un travail au long cours mené dans des ateliers avec des amateurs purgeant de courtes peines (moins de cinq ans) : parmi les projets sélectionnés, outre deux expositions et une pièce radiophonique, se trouvent plusieurs formes courtes dont Morphine, une création autour de l'addiction à partir de Boulgakov, ou encore Iliade, Chant premier, d'après Homère. « Des conditions uniques » La conception du festival constitue un pari inédit, pour plusieurs raisons : d'abord, parce qu'organisé en plein état d'urgence, il impose de composer avec une logistique exceptionnelle, en plus de la difficulté liée aux possibles risques d'évasion et aux interprètes à la présence fluctuante, certains n'obtenant pas de permission de sortie et d'autres étant parfois confinés au « QD » (quartier disciplinaire) en pleines répétitions. « On travaille comme jamais, dans des conditions uniques », assure Valérie Dassonville, codirectrice du théàçtre. Ces créations atypiques, fragiles et éphémères montées d'abord sur place sans plateau ni matériel sont encore plus compliquées à diffuser. « Nous tenions à incorporer ces propositions au même titre que les autres spectacles de la programmation. » « Ce n'est pas juste une mise à l'écart de la société, il faut pouvoir retrouver une place dans la collectivité », estime de son côté Julien Maréchal, référent culture auprès de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris. Ces initiatives, tout comme les événements sportifs, s'inscrivent dans la politique culturelle proposée par le Spip (Service pénitentiaire d'insertion et de probation) dans un but de valorisation et de responsabilisation des « personnes sous main de justice ». « Sur scène, on compose un récit collectif, une narration de soi », traduit Valérie Dassonville. « On ne peut pas se réinsérer en prison s'il ne se passe rien », conclut Julien Maréchal. Et si le lien entre taux de récidive et action culturelle reste à prouver, la résonance symbolique est d'autant plus forte que ces représentations sont organisées devant les détenus puis « dehors », devant leurs familles, au milieu d'un parterre de spectateurs. « Sortir moins bête » Parmi les spectacles proposés à Vis-à -vis, De concert ! lecture musicale avec un quatuor à cordes et percussions, a été composée à Fleury-Mérogis, la plus grande maison d'arrêt d'Europe (avec 4 000 détenus, hommes, femmes et mineurs), actuellement en pleins travaux de réfection. Au terme d'une dizaine de séances à partir de la trame retravaillée d'un texte composé par des détenus l'année passée sur le thème de la vitalité, les prisonniers narrent leur quotidien. Le spectacle, répété dans une salle polyvalente dissimulée tout au fond d'une rangée de cellules exiguà« s accueille entre six et huit jeunes détenus, tous amateurs, qui entonnent l'un après l'autre au micro : « Quand je me marie avec le temps et qu'ailleurs une fille m'attend… » quitte à crier, pour « ne pas mourir de son vivant ». « Ces textes sont proches du slam, mêlé à de la musique classique », détaille la metteuse en scène de la compagnie Théàçtre du menteur, Céline Liger, en charge du projet. Elle résume : « C'est courageux de choisir le théàçtre comme activité, au lieu de la muscu. » « C'est vrai, opine Hichem, l'un des participants de 20 ans. Nos choix, on les fait seuls, le regard des gens importe peu. » Le jeune homme, emprisonné jusqu'en novembre 2016, dit avoir « l'impression de changer », et espère gràçce à la scène « sortir moins bête ». Vis-à -vis, temps fort de la création en milieu carcéral, ces vendredi et samedi au Théàçtre Paris-Villette. Clémentine Gallot







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874 227
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75 021
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9 235
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Rémunération horaire minimum (2018)
2,.03 € ou 4,57 €
Taux de détenus travaillant en prison (2018)
28,8 %
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Personels (01/01/21)
30 000 surveillants / 5 600 CPIPpan>
Budget 2021 (en millions d'euros)
3 300
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Nombre de morts par suicide en 2017
116
Taux de détenus ayant des troubles psychiatriques (2010)
80 %
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