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L’abbaye de Clairvaux célèbre ses 900 ans entre histoire monacale et pénitentiaire

L’abbaye cistercienne de Clairvaux, à Ville-sous-la-Ferté (Aube) fondée par Saint Bernard en juin 1115, qui fut transformée en gigantesque prison au XIXe siècle puis en maison centrale en 1971, célèbre ses 900 ans avec un nouveau parcours de visite entre histoire monacale et condition pénitentiaire.

Impossible pour le simple visiteur d’ignorer, en bordure de l’ancien monastère, les miradors blindés qui dominent l’enceinte de la maison centrale où sont encore incarcérés 136 détenus parmi les plus dangereux en France : à Clairvaux depuis Napoléon, le destin de la prestigieuse et ancestrale abbaye est irrémédiablement lié à l’univers carcéral.

« Il faut croire qu’il y a une thématique commune entre la réclusion des moines et celle des prisonniers, bien que les religieux étaient à priori volontaires pour rejoindre leurs cellules », souligne Gérard Beureux, vice-président de l’association « Renaissance de l’abbaye de Clairvaux » qui oeuvre depuis 1979 à la préservation du site.

En 1808, Napoléon 1er, qui a modifié le régime pénal français en instituant la peine de privation de liberté, racheta l’abbaye à l’abandon depuis la Révolution de 1789 pour en faire la plus grande prison de France avec près de 3.000 prisonniers, femmes, hommes et enfants, détenus dans des conditions inhumaines, comme le raconte Victor Hugo, dans son roman « Claude Gueux », ou encore le révolutionnaire Auguste Blanqui.

A partir de 1971, la construction de la nouvelle maison centrale érigée sur les fondations de l’église médiévale, permit de libérer les édifices inutilisés par l’administration pénitentiaire qui passèrent sous tutelle du ministère de la Culture en 2002 : cette date marque le début d’un vaste programme de restauration et de réhabilitation du site qui a mobilisé plus de 10 millions d’euros.

- Cages à poules -

A l’occasion des 900 ans de l’abbaye, un nouveau parcours de visite guidée a été établi par l’association avec l’ouverture du « réfectoire des moines/chapelle des prisonniers », entièrement restauré.

Le gigantesque bâtiment, construit en 1774 par les cisterciens au faîte de leur puissance, recèle des murs et un plafond décorés de lambris, médaillons en stuc et peintures sur bois représentant les vertus ; le sol, lui, est fait de pierres blanches avec cabochons en marbre noir. Transformé en lieu de prière pour les prisonniers à partir de 1813, on peut encore y voir en hauteur les traces des bénitiers et des portes d’accès menant aux cellules.

Le public, accueilli dans « la chapelle de la prison des enfants » transformée en salle d’exposition, est par la suite conduit dans le bâtiment des convers, seul vestige de l’abbaye médiévale et joyaux de l’art cistercien qui mêle style gothique et roman.

Plus loin, le « Grand cloître », sorte de palais monacal édifié entre 1750 et 1767 alors que l’abbaye ne comptait qu’une cinquantaine de religieux, puis lieu de détention et de punition au 19e siècle, signe la singularité du site par l’imbrication de l’histoire monastique et carcérale.

D’étage en étage, on découvre les grilles rouillées qui barrent les travées voutées, puis les cachots ou s’entassaient une vingtaine de prisonniers dans une promiscuité délétère et enfin au grenier les batteries de cages à poules, cellules individuelles de 3 mètres carré composées d’une paillasse, d’un vase de nuit et d’un broc d’eau, qui ont abrité les prisonniers jusqu’en 1971.

Plusieurs manifestations sont programmées pour célébrer l’anniversaire dont une exposition consacrée à l’histoire de l’abbaye et des cisterciens à l’Hôtel-Dieu-le-Conte, à Troyes, du 5 juin au 15 novembre 2015.

(Programme complet : www.clairvaux-2015.fr)
AFP

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