La problématique du suicide en milieu carcéral revient périodiquement sur la scène politique et médiatique comme le signe d’une mauvaise conscience collective. L’emprisonnement a pour rôle de punir, de surveiller et de rééduquer en vue d’une réinsertion, mais il reste inacceptable de penser que la prison tue. Mourir en prison est vécu comme une injustice tant pour les familles que pour les codétenus, et comme un échec par le système judiciaire et les services de santé. L’administration pénitentiaire est souvent accusée de négligences, de non-assistance à personne en danger ou autres manquements au respect de la dignité humaine. Ce besoin de nommer un responsable témoigne de la difficulté que nous avons à mettre des mots sur notre culpabilité latente. Même si des raisons objectives peuvent être avancées pour expliquer le geste suicidaire, il est nécessaire de rappeler que la plupart des individus survivent aux conditions de vie les plus difficiles. Qui sont alors ces hommes ou ces femmes qui, condamnés à une peine d’emprisonnement, choisissent de mettre un terme à leur vie ?
Après un bref rappel historique, nous nous interrogerons sur les spécificités de la population concernée, sur la place que peut prendre le corps dans des conditions d’enfermement et de privation et, enfin, sur le sens d’une mort choisie, dernière expression d’une liberté individuelle.
