Cet article propose d’interroger la manière dont le fonctionnement des centres éducatifs fermés (CEF) met à l’épreuve la profession d’éducateur de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), historiquement – et identitairement – construite sur le fondement d’une incompatibilité revendiquée entre éducation et enfermement. Après avoir qualifié le modèle d’éducation – sous contrainte – qui sous-tend l’ouverture de ces établissements, l’auteur analyse des données issues d’observations directes menées au sein de l’un d’entre eux et montre comment les pratiques éducatives quotidiennes, aux prises avec l’exigence redondante d’une « autorité » rarement assumée, éclairent les reconfigurations qui agitent le groupe professionnel dans son ensemble.