Récidive : thérapie de groupe pour violeurs et agresseurs sexuels à Fresnes

Brun, longiligne, la vingtaine, incarcéré pour viol. Comment en est-il arrivé là ? Depuis cinq mois, ce détenu de la prison de Fresnes cherche la réponse pour ne pas recommencer. Trois infirmiers, deux psychologues, un psychiatre le guident dans ce voyage : la prison propose depuis six ans des sessions thérapeutiques uniques en France à destination des auteurs de crimes et délits sexuels, beaucoup plus approfondies que les soins auxquels les détenus ont accès ailleurs. Durant six mois, deux groupes de six détenus intègrent des cellules de l'unité psychiatrique d'hospitalisation (UPH) de la prison o๠les attend chaque jour un atelier différent conçu comme une étape vers la compréhension de leurs actes. A l'heure o๠la conférence de consensus sur la prévention de la récidive compile savoirs et expériences sur les bonnes pratiques, l'équipe de Fresnes a construit sa recette empiriquement, au fil d'un travail avec les auteurs d'infraction sexuelle entamé en 1994. La psychiatre Magali Bodon-Bruzel, qui dirige l'UPH, la résume : une dose de "notre bonne vieille psychanalyse" à la recherche du sens profond des choses, une dose de techniques "cognitivo-comportementales" inspirées des méthodes canadiennes, plus pragmatiques - "Je vais mal en fonctionnant comme ça, il faut que je fonctionne différemment" -, sans s'interdire, si nécessaire, les outils médicamenteux. A un mois de la fin de la session, les détenus commencent à travailler spécifiquement sur les infractions reprochées à chacun, qui vont de l'attouchement au viol avec actes de torture, sur mineurs ou majeurs. "L'analyse du passage à l'acte n'arrive qu'en fin de thérapie. Dans un premier temps, on s'intéresse à eux en tant qu'individu, pour les mettre en confiance et parce qu'au départ il leur est très difficile d'intégrer la notion d'autrui. Ils se sentent d'abord victimes, au mieux de leurs propres actes, au pire de la justice", explique le psychologue-criminologue Florent Gathérias. Peu de volontaires Autrui, la privation, l'image de soi, la colère, la vulnérabilité, le conflit, la honte : les thèmes abordés poussent à l'introspection. "On peut partir d'images en leur demandant celles qui inspirent la force, la faiblesse, celles qui font du bien ; proposer des situations qu'ils doivent juger acceptables ou non, ça va de +brûler un feu rouge+ à +les parents font l'amour en laissant la porte de leur chambre ouverte+", expose Agnès Tronchet, infirmière. Invités à présenter leur liens familiaux sous la forme d'un arbre généalogique, les détenus lèvent le voile sur des secrets, des fantasmes inconscients : "L'un d'eux avait mis les parents de sa victime au niveau de ses parents à lui, un autre avait oublié le nom de la plupart des femmes de sa famille, un troisième ne s'était pas relié à son père..." Le groupe permet d'avancer "beaucoup plus loin et beaucoup plus vite", explique Florent Gathérias. "En présence d'auteurs d'infraction sexuelle, ils se sentent autorisés à parler et le miroir que les autres leur tendent est très important". "Si un homme a le sentiment d'exciter une fillette en se dénudant devant elle et qu'un autre détenu lui assure que c'est faux, qu'il n'a rien compris, ça sonne différemment de la parole du thérapeute", analyse Mme Bodon-Bruzel. Quatre détenus en soin interrogés par l'AFP témoignent de l'apport de la thérapie : l'un a "réalisé" l'existence d'une victime dont "il se foutait carrément", un autre compare son parcours à une entrée "dans un nouveau monde". Si une évaluation sur la centaine de détenus passés en thérapie atteste d'une évolution émotionnelle, aucun suivi de la trajectoire de ces détenus ne permet de quantifier leur récidive. Leur prise en charge médicale après cette session reste un maillon faible du dispositif tout comme l'articulation, très làçche, avec les professionnels de justice. En amont, la difficulté de recruter des participants est frappante : seuls 10% des détenus sollicités acceptent d'intégrer une session.







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Nombre d'infractions sanctionnées en 2018
874 227
Taux d'enfermement ferme en 2010
18,4 %
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Personnes sous écrous (01/01/21)
75 021
Surpopulation (01/01/21)
9 235
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Rémunération horaire minimum (2018)
2,.03 € ou 4,57 €
Taux de détenus travaillant en prison (2018)
28,8 %
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Personels (01/01/21)
30 000 surveillants / 5 600 CPIPpan>
Budget 2021 (en millions d'euros)
3 300
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Nombre de morts par suicide en 2017
116
Taux de détenus ayant des troubles psychiatriques (2010)
80 %
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Proportion des détenus de niveau CAP ou moins (2019)
80 %
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