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Violences extrêmes Le sujet de la radicalisation

Le Journal des psychologues 2018/10 (n° 362), Martin Média, 78p.

Parler de terrorisme est certainement de nos jours une des questions les plus délicates. Il en est de même du sujet de la radicalisation.
Il y a 10 ans, nous avions tenté d’esquisser, dans le cadre d’un dossier, la « psychologie du terrorisme », titre certes bien présomptueux, qui impliquait forcément des réponses très partielles : contrôle par la terreur, arme psychologique, sectarisme, crise de la société démocratique, récupérations médiatiques et politiques, etc.
Aujourd’hui, par son intensification, sa proximité et sa couverture médiatique d’une ampleur sans précédent, le réel de l’extrémisme violent et destructeur dans sa radicalité fait désormais irruption dans la vie de tout un chacun. Et, évidemment, nul ne peut de nos jours penser qu’il est question de phénomènes marginaux pouvant être étudiés avec une certaine distance réflexive. Bien au contraire, par sa diffusion et au-delà, par le fait que chacun peut avoir le sentiment ou la crainte de devenir une victime potentielle, personne ne peut se sentir étranger à ces violences, d’autant que les frontières entre acte de terrorisme et tendance à la radicalisation paraissent de plus en plus minces.
Le dossier de ce numéro ouvre à une réflexion pluridimensionnelle sur la radicalisation considérée comme un processus dans lequel un individu ou un groupe s’engage dans une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenus politique, social ou religieux  (Définition proposée par Farhad Khosrokhavar). Forme de violence extrême ou de violence par l’extrême, ce phénomène implique de nouvelles manières de penser l’écoute et le traitement du sujet pour qui épouser une cause idéologique par le biais d’une violence à des fins meurtrières deviendrait l’unique voie.

Le sujet de la radicalisation et de cette violence insaisissable appelle nécessairement à explorer les modèles de compréhension, du fait de ses approches multiformes, supposant d’en approcher ses mécanismes, ses déterminants et les actions possibles de prévention. Ce dossier paraît au moment où « Les états généraux “Psy” sur la radicalisation » se déroulent à Paris , pour tenter de croiser les approches et la diversité des pratiques, et en définir – peut-être – les contours. Ainsi, au-delà des multiples abords possibles autour de la réflexion concernant la radicalisation, les questions liées à la pathologie groupale et individuelle des personnes qui s’engagent dans des voies extrêmes de violence restent prégnantes. Elles influeront obligatoirement sur les diverses modalités de prise en charge et dont les cliniciens, à l’écoute du sujet, ne peuvent se départir.

Insistons enfin sur un dernier point : la radicalisation est un concept d’émergence récente qui peut prêter aux glissements sémantiques facilitant les effets de stigmatisation et de désignation. N’oublions pas que ce phénomène est le produit d’un processus aux déterminants croisés, qui supposent tout autant des approches sociales, économiques et surtout politiques. Plutôt que de produire un clivage entre approches subjectives et approches objectives, la lecture de la radicalisation pourrait profiter d’une complémentarité des modèles de compréhension.

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