Les relations entre professionnels de la pénitentiaire et professionnels de la psychiatrie travaillant en prison sont complexes, difficiles et parfois tendues. Si ces professionnels doivent travailler en étroite collaboration pour assurer le bon fonctionnement du milieu carcéral et de la prise en charge des patients détenus, ces relations peuvent être parfois décrites comme limitées, absentes voire conflictuelles par simple méfiance ou afin de « protéger » une identité et des espaces de prise en (...)
Insidieusement, le secret médical est attaqué en Europe, représentant une valeur dépassée dans un monde pusillanime, qui s’opposerait au principe de la transparence et aux exigences sécuritaires, nouveaux étalons du bien public, sous prétextes d’optimisation des prestations rendues à l’usager et de son bien. Dans l’univers carcéral, bien connu pour l’absence d’intimité et la nécessité du maintien de l’ordre panoptique qui doit y régner, le secret médical est tout particulièrement attaqué, voire honni. (...)
Loin de ne concerner que les détenus, la peine d’emprisonnement s’impose aussi à leur famille. C’est la raison pour laquelle on peut parler d’une expérience carcérale élargie. L’enquête menée en France auprès de proches de détenus permet de mesurer l’ampleur des dommages sociaux, économiques, relationnels et identitaires auxquels ils sont confrontés. Loin d’une vision misérabiliste, l’étude rend compte de la capacité plurielle des acteurs à « faire face » à l’épreuve.
Aborder l’incarcération du point de vue (...)
Par un décret en date du 30 octobre 2013 relatif aux établissements et services du secteur public de la protection judiciaire de la jeunesse, les services de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ont été assujettis au secret professionnel. Pourtant, près de deux ans après ce texte suscite toujours de nombreuses discussions au sein des équipes et alimente de longs débats d’interprétation.
La formation que nous, psychologues cliniciens, effectuons, ouvre à la possibilité de rencontres multiples, au sein de cadres professionnels très divers (la santé, l’enfance, l’entreprise, le judiciaire, l’armée, la police, en privé...), et, plus récemment, dans le domaine pénitentiaire. Mon expérience du milieu carcéral me fait insister aujourd’hui sur la particularité de ce lieu d’exercice : la (...)
La population en prison se caractérise par sa « jeunesse » puisque l’âge moyen des détenus est de 34,3 ans. Or l’administration pénitentiaire a connu une progression importante des détenus de 50 ans et plus ces dernières décennies. Comment en prison le vieillissement corporel est-il appréhendé ? L’article montre que le corps des personnes détenues âgées est à l’intersection de la vulnérabilité physique et de la vulnérabilité sociale. Néanmoins, il met en avant les manières dont les acteurs font face aux signes (...)
Dès le Moyen Âge, le claustrum et le carcer, le cloître et la prison, ont été associés. Exaltant l’ascèse monastique, Bernard de Clairvaux, pour ne citer que lui, comparait déjà le monastère à une prison ouverte, où seule la crainte de Dieu retenait les moines. Aujourd’hui, les liens entre cloître et prison sont encore perceptibles dans le site exceptionnel de Clairvaux, ancienne abbaye cistercienne fondée au xiie siècle et transformée en centre pénitentiaire au xixe siècle. Dans les années 1960-1970, (...)
Les auteurs montrent comment l’incarcération provoque une dégradation profonde de la corporéité vécue qui en altère la naturalité première. La dialectique du corps propre qui se décline entre être un corps et avoir un corps est bouleversée par le conflit d’appropriation du corps entre détenu et pouvoir pénitentiaire. Réaffirmer la propriété de son corps et son autodétermination peut passer par la pratique sportive parfois à risque mais aussi par de multiples atteintes volontaires à son intégrité corporelle. (...)
Femme et mère en prison une réalité difficile
L’univers carcéral est un environnement difficile et violent. Les femmes détenues sont souvent dans des situations de fragilité, de misère sociale et affective. Les mères qui ont un enfant de moins de 18 mois ont la possibilité de vivre avec celui-ci dans des quartiers dédiés. Cependant, même si les conditions de détention se sont améliorées avec le temps, une réflexion s’impose pour développer des formes alternatives à l’incarcération, comme la surveillance (...)
Ce numéro interroge les rapports entre la justice et la famille selon différentes perspectives. Comment les différents membres de la famille vivent-ils l’intervention de la justice auprès de l’un des leurs ? Mais aussi quels sont les effets des décisions de justice sur les dimensions instituées, symboliques et imaginaires des liens familiaux ? Ici se dessine l’épineuse problématique des conséquences de l’incarcération sur le lien parents-enfants et des dispositifs qui visent à l’ étayer et à le (...)